lundi 20 décembre 2010

2. Matagalpa, du Calvaire au cimetière

Matagalpa, le café du Nicaragua

12 déc. Nous arrivons à Matagalpa. En chemin, nous avons vu de grands champs recouverts de grains de café qui séchaient au soleil et des piles de grosses poches de café sur des kilomètres de long. Nous nous promettons donc d’approfondir cet aspect important de l’économie du pays. Nous projetons de passer une bonne semaine ici et nous trouvons un hôtel avec une cuisine à notre disposition.

Notre premier soir, une procession, La Vierge de Guadeloupe. Les gens sont très catholiques et ils vénèrent surtout la sainte Vierge. C’est notre troisième procession depuis notre arrivée au Nicaragua. Ça passe juste sous notre balcon.


Procession de la Virgen de Guadelupe

Après quelques jours ici, je me rends compte que parmi tous les pays que j’ai visités, si j’avais une place à choisir pour passer l’hiver, c’est ici à Matagalpa que je viendrais. C’est la température de notre mois de juillet sans les pluies. Les gens sont accueillants et la ville est entourée de belles montagnes où on peut marcher en toute sécurité.

Avant de visiter les producteurs de café on passe une semaine à visiter la ville et à se promener dans les montagnes autour. Comme exemple je vous parle d’une journée de visite et des réflexions qui surgissent en moi sur les différences culturelles.

Du Calvaire au cimetière, différences culturelles
Aujourd’hui on décide de monter El Calvario, une montagne près de la ville.
El Calvario

 Le chemin pour monter est carrossable et ça nous prend environ une heure mais pour descendre on décide de prendre le sentier le plus cours.

Nous passons donc à travers une agglomération de taudis. Il y a encore des gens ici qui vivent dans des cabanes de tôles sans portes ni fenêtres, tassées les unes sur les autres dans le flanc de la montagne. Et les gens nous regardent passer et nous saluent avec le beau sourire.

Nous allons voir ensuite le cimetière. En espagnol, ça se s’appelle El « cementerio », et ciment se dit « cemento ». On fait la visite on comprend pourquoi les deux mots se ressemblent. Ici comme beaucoup en Amérique latine, on a l’habitude d’enfermer les morts dans des structures de ciment. On creuse un trou d’environ 2 mètres, on coule un forme de ciment, on y dépose la tombe, referme avec un plaque de ciment et on fait une structure encore en ciment sur le tombeau. Plus le personnage est riche ou important, plus la structure est grosse et sophistiquée. Il y a plus de ciment dans ce cimetière qu’il en faudrait pour construire des appartements à tous les pauvres de la ville.

Les monuments au cimetière

En Asie les gens brûlent les corps, ici on les enferme dans le ciment, Dans les hauts plateaux du Tibet, on dépèce les corps et on les donne aux vautours, chez nous on les enterre.

Bruler les corps, ça contribue à la déforestation et à la désertification de la planète, ça pollue l’air et l’eau car on y jette souvent les cendres. La crémation comme le fait de mettre les corps dans le ciment ou dans une tombe de métal, ça prive la terre d’une matière compostable très riche et ça prive de nourriture plusieurs espèces animales. Il meure environ 200 000 personnes par jour sur la terre. Cette année seulement, plus de 10 millions d’hectares de forêts seront détruits, il y aura 15 millions d’hectares de plus en désert et 130 000 espèces animales seront éteintes. Pour plus de précision sur ces chiffres voir le site web suivant :


Nous allons tous mourir après cette vie de plaisir et de souffrance. Enterrer les corps et les redonner à la terre est sans doute la façon la plus écologique de disposer des corps morts. Notre corps est la manifestation la plus merveilleuse de l’évolution sur la terre et je crois qu’il est important de redonner à la planète ces matériaux de façon à ce que cette évolution se continue de la façon la plus harmonieuse possible.

En attendant profitons bien de la vie.

Je vous souhaite un très joyeux Noel et une merveilleuse année 2011, santé, bonheur, prospérité et que la paix soit avec ceux qui vous entourent.

Adrien

P.S. Merci à tous ceux qui m'ont envoyer des commentaires. Pour les envoyer avec ce blog il faut être abonner. Sinon, il me fera plaisir de les recevoir à mon adresse personnelles:

 

mercredi 21 avril 2010

Fin trop rapide

Eh oui! Nous sommes revenus plus tôt que prévu.

Malgré le fait que nous marchions de 2 à 5 heures par jour, dans les montagnes, dans les chemins plein de cailloux et sur les trottoirs tout cassés, c'est en glissant dans la salle de bain que Diane s'est fracturé un orteil. Elle a supporté la douleur quelques jours avant de consulter à l'hôpital de Pai pour apprendre qu'elle avait une fracture proximale de la phalange du 2ème orteil.

À partir de ce moment, grouille-toi les couilles mon Adrien, on retourne à la maison. Nous devions revenir le 28 avril et nous étions le 9, pas question que Diane se morfonde dans une chambre d’hôtel pendant qu’Adrien prenait une marche en l’imaginant s’inquiéter à son sujet. Donc, je magasine 2 avions : Pai-Chiangmai et Chiangmai-Bangkok. Et là, on va voir Japan Airlines pour changer nos dates de retour et Bravo! Ça marche! On part le soir même : Bangkok-Tokyo-Chicago-Montréal. Pour résumer, ça fait 5 vols et 40 heures de voyagement.

Maintenant, nous sommes confortablement installés chez nous dans un décor de rêve, un temps clair, le beau soleil… Mais il fait encore trop froid : moins de zéro la nuit et environ 10 le jour.

On se remet des 12 heures de décalage horaire de la fatigue du voyage. Et bien sûr on songe déjà à notre prochaine destination. On adore le genre de voyage que l’on fait et on n’aime pas la froidure de notre hiver.

Pour terminer, je veux dire un bonjour tout à fait spécial aux bons amis que nous avons rencontrés en voyage. Ils ont beaucoup enrichi notre expérience.

Merci aussi à ceux qui nous ont suivis à travers nos écrits. J’espère vous avoir apporté de bons moments de lecture. J’espère que vous avec eu autant de plaisir à me lire que j’en ai eu à vous écrire.

Donnez-nous des nouvelles. Diane et moi apprécions beaucoup vous suivre dans ce que vous vivez vous aussi.

Adrien

lundi 15 mars 2010

Où est-on rendus? Le Laos encore

Après notre court séjour en Chine, nous sommes revenus au Laos, petit pays de 6 millions d’habitants. Nous en avions assez d’être entourés d’une foule de monde à travers les véhicules motorisés et les klaxons; nous avions vraiment le goût de vivre plus isolés. Nous nous sommes donc rendus au Nord du Laos, à Nong Kiaw, et de là, nous avons pris le bateau pour nous rendre à Muang Ngoi.

Là, c’était le bout du monde: un petit village sur terre battue, pas de véhicules motorisés, même pas de bicyclettes. Le seul moyen d’accès: le bateau. De beaux petits bungalows bien tranquilles, des gens très accueillants. On y mange très bien. On s’endort au son des grenouilles et on se réveille au chant du coq. L’électricité est produite par génératrices pour la lumière pendant quelques heures seulement après le coucher du soleil. Nous avons passé 5 jours dans ce havre de paix dans un de ces bungalows avec vue sur le débarcadère, à regarder les touristes arriver et repartir, à admirer les locaux qui bénéficient de cette manne saisonnière.

Nous avons aussi marché beaucoup dans les sentiers de piétons qui relient les villages entre eux. Des villages encore plus perdus où les gens nous accueillent toujours avec cordialité. Je vous décris une image. Nous dinons dans un de ces petits villages. Nous ne prenons pas de viande car on nous a dit qu’il fallait d’abord qu’ils tuent la poule. Donc, une simple soupe nouilles et légumes ou plutôt, nouilles et salade; très bon.

Pendant le diner, nous voyons un homme accroupi devant un petit feu près de sa maison; il fait cuire deux petits oiseaux sur une brochette de bambous, sa cuillérée de viande pour manger avec son riz. On nous a dit que ces gens vivaient beaucoup de la forêt et qu’ils mangeaient toutes sortes d’animaux en plus d’y cueillir fruits, légumes et herbes médicinales.Bref, nous avons passé dans ce coin de pays un séjour très agréable qui nous a fait oublier la déception de la Chine.

Aujourd’hui, nous sommes rendus à Louang Prabang pas pour longtemps car en plus de faire très chaud, l’air est rempli de fumée. C’est la fin de la saison sèche au Laos et les cultivateurs font brûler les parties de forêts qu’ils ont abattues pendant la saison. L’air est difficilement respirable et il tombe des brins de cendre grise et noire. Nous vivons cela comme nous vivons la majeure partie de notre voyage: on apprend à connaître les gens, leur façon de vivre, leurs coutumes, leur quotidien. On enrichit notre expérience de la vie. Les voyages forment la jeunesse.

Nous passerons encore une dizaine de jours au Laos et ce sera ensuite la Thaïlande jusqu'à la fin d'avril.

lundi 1 mars 2010

La Chine

La Chine, byebye!

Un de mes principes de voyageur, c’est: quand on est bien quelque part, on y reste longtemps et on y revient et si on n’est pas bien on s’en va au plus vite. En Chine on y est restés seulement 2 semaines. Pourquoi?

On ne s’est pas sentis bien reçus en Chine. Il y a trop de monde et très peu de touristes Occidentaux. Il y a beaucoup de touristes asiatiques. Les quelques Occidentaux qu’on a rencontrés étaient de commerçants, (comme le marchand d’épices du marché Jean Talon par exemple), quelques professeurs d’anglais ou de français, ou des gens qui voyageaient avec chauffeur privé et interprète chinois. Nous avons rencontrés aussi quelques voyageurs comme nous qui sortaient vite et déçus comme nous.

Les Chinois parlent fort mais ce n’est pas méchant. Ils crachent partout; à tous les 5 minutes, notre chauffeur d’autobus crachait par sa fenêtre. Ils ne disent jamais merci. Ils ont la baboune. Ils ne parlent que le Chinois. Quand ils ne comprennent ce que l’on veut, ils nous envoient promener rapidement sans chercher à nous comprendre. On ne se sent pas accueillis. On se sent regardés comme si nous étions l’attraction touristique. J’arrive au petit magasin du coin pour acheter une bouteille d’eau et la jeune serveuse appelle son petit frère pour qu’il vienne me voir. On marche dans la rue et tout le monde nous regarde et aussitôt qu’on les regarde, on les voit détourner les yeux rapidement au lieu de nous saluer comme les gens du Myanmar ou du Laos qui eux nous disent toujours bonjour avec leurs beaux sourires.

Les Chinois ont des moeurs très libertines. À notre arrivée, nous louons une chambre dans un hôtel à même le terminus. À peine une demi-heure après être installés dans la chambre, une très jolie chinoise frappe à la porte. Je la regarde d’un oeil interrogateur et, avec les gestes appropriés, elle me dit: « Massage, amor ». Je vous laisse deviner ma réponse. Dans chaque chambre, il y a des préservatifs dans la chambre de bain. Le lit sans la poupée de luxe.

Les Chinois mangent mal: du riz et des nouilles... De riz. Dans un restaurant, Diane commande un poulet à la planche. Ils apportent une assiette chaude sur une planche. Dans cette assiette, il y a à peu près tout ce que l’on jette après avoir bien désossé un poulet: le cou, les bouts d’ailes, le croquant, etc. Tout ça coupé en morceaux et servi avec quelques légumes dans une sauce brun foncée qui avait l’air d’avoir été faite avec la graisse du poulet et le brulé qu’on a gratté dans le fond des poêlons. Ce n’était pas mangeable, même pas les légumes. J’ai eu envie de jeter tout ça par terre. Personne n’aurait été surpris car dans les restaurants de cette ville, les Chinois jettent tout parterre. Même les serveuses en nettoyant les tables jettent tout par terre. Il y a une femme de ménage qui passe ensuite pour ramasser avec le balai. Les planchers sont tout glissants, pleins d’huile. Bien sûr, il y a des restaurants où on mange bien mais il faut les chercher et chercher sur leur menu... qui est écrit en chinois.

Je crois qu’ils ont évolué trop vite. Ils détruisent des quartiers entiers pour construire d’immenses buildings. Il y aurait tellement de spéculation sur les blocs appartements qu’ils sont vendus 2 ou 3 fois avant même d’être construits. On s’est promené le soir en taxi à travers une multitude de ces blocs de 15 à 20 étages contenant plus de 150 appartements chacun. Diane m’a fait remarquer que très peu d’appartements étaient éclairés. Un reportage à la TV disait que seulement 1 appartement sur 3 était habité et les promoteurs continuaient à détruire pour construire et revendre.

Par contre, les toilettes publiques sont encore comme il y a 50 ans. Dans les terminus, c’est un dalot comme celui dans l’étable en arrière des vaches, un peu moins large et plus profond, une vingtaine de pieds de long, et les gens s’installent un pied de chaque coté. Heureusement, il y a des cloisons pour ne pas voir les fesses de la personne en face. Mais quand tu rentres pour aller faire tes besoins, tu vois le profil des fesses de tout le monde. Et le pire, c’est que le caca reste là. Ils nettoient probablement 2 fois par jour comme on faisait à l’étable.

Il y a de belles choses en Chine aussi. Nous avons beaucoup aimé notre séjour de 4 jours à Janshui, une des plus belles villes du Sud Ouest. Le guesthouse où nous logions était très accueillant. C’est une ville que l’on a rénové en préservant le style antique, très joli. Ce fut l’exception qui a confirmé la règle.

Il y a de belles choses en Chine aussi mais c’est bourré de touristes Chinois. En plus il fait froid et les gens sont froids. On se sent de trop. Il y a de bien belles choses ailleurs aussi où on se sent très bien accueillis. On décide donc, après deux semaines d’efforts, de retourner au Laos pour une 3ème fois. Faut dire que l’on aime beaucoup.

Diane me dit de ne pas être trop négatif parce qu’il y en a qui vont dire qu’on ne sait pas voyager. OK d’abord, un peu de statistiques.

Il y a trop de monde en Chine: La population de la Chine (1 360 612 968) est environ 40 fois celle du Canada (33 487 208) qui est un peu plus grand. Ça veut dire que pour avoir une idée de la densité de population en Chine, multipliez par 40 la population de votre municipalité ou province. Ça veut dire que si vous ajoutez dans la province de Québec (7 800 000) toute la population des États-Unis (307 212 123) vous aurez dans notre belle province une densité de population semblable à celle de la Chine.

C’est fou, c’est capoté. J’ai l’impression que ça ne peut plus durer longtemps. Le presto va sauter bientôt. Et quand ça va éclater...

De retour au Laos, Louang Namtha. Un beau petit guesthouse. Les gens nous accueillent avec de beaux grands sourires. Communication facile. Paisible. Les gens parlent doucement, poliment, disent merci quand on paye, etc. On se sent bien, on y revient.

Adrien

samedi 27 février 2010

Trekking chez les tribus au Laos





Voici en gros notre expérience de trekking chez les tribus du Nord du Laos.

Avant de vous décrire cette expérience, je veux préciser que le Laos est un pays très intéressant et facile à visiter. Les gens sont très accueillants et très honnêtes. Nous voyageons toujours en sécurité et c’est comme ça que nous avons fait ce trek de trois jours pour visiter les tribus. Après trois semaines faciles à voir de bien belles choses, c’est comme si on avait envie de vivre une aventure plus palpitante.

Nous sommes à Louang Namtha, dans le Nord du Laos, à quelques dizaines de km de la Chine. On magasine dans les agences de trekking et on achète nos trois jours de trek dans la jungle, un « tout inclus », avec guide certifié, guides locaux et le coucher chez l’habitant.

Nous partons Diane et moi avec notre petit sac à dos contenant notre linge et nos affaires personnelles essentielles pour 3 jours de randonnée. Nous allons à l’agence à deux pas de notre hôtel et signons notre contrat et la formule qui dégage l’agence de toutes responsabilités en cas d’accident ou de maladie. Nous allons d’abord faire l’épicerie au marché local avec notre guide Noy et on part en taxi pour faire 25 km de chemin tout tordu à travers des montagnes très abruptes, le décor où nous allons marcher.

Notre taxi s’arrête dans un petit village où nous attend notre porteur qui prend sur son dos l’épicerie et nos provisions d’eau pour 3 jours. La randonnée commence. Nous marchons dans un chemin très mince ou des fonds de rivières sèches dans ces montagnes abruptes; en cours de route, notre guide nous renseigne sur les arbres, les plantes comestibles ou médicinales. Le midi, nous nous arrêtons pour le dîner que l’agence a préparé. Pour servir, le guide étend quelques feuilles de bananier sur le sol et vide le contenu des sacs de plastique dessus. On pige là-dedans avec les doigts.

Vers la fin de l’après-midi, nous arrivons dans le petit village de Nam Leuang. C’est un village de la tribu Akha: une ethnie qui est venue de la Chine il y quelques centaines d’années. Ces villages s’établissent dans un endroit ou la rivière passe dans une vallée où il est possible de cultiver du riz. La quantité de personnes dans le village est déterminée par la quantité de riz qui peut être cultivé. Il y a environ 15 à 20 maisons, des huttes de bambou avec un toit de pailles, construites dans le flanc de la montagne pour ne rien enlever aux terres cultivables. Elles sont en général à peu près grandes comme mon salon, sans divisions; on fait la cuisine dans un coin de la hutte et la fumée sort à travers le toit de paille. On jette l’eau par une ouverture sans porte; les toilettes turques sont à quelques mètres de la maison, dans une vieille cabane faite de lattes de bambous avec une poche de plastique servant de porte. Les maisons sont sur pilotis, les animaux vivent sans enclos tout autour et un peu partout dans le village. Chaque famille a sa portée de cochons, ses canards, ses chiens, ses poules et ses poussins. Tous ces animaux vivent tout mélangés avec ceux des voisins et quand le propriétaire nourrit ses animaux, il chasse à coup de bâton ceux des voisins. Les gens vivent à travers les animaux, les enfants marchant pieds nus dans la poussière et tout le reste. La nuit chacun enferme ses propres poules dans une cage d’osier en-dessous de sa maison. Chacun a son coq aussi et c’est le concert qui commence à n’importe quelle heure de la nuit; aussitôt que l’un d’eux commence, tous les autres entament leur cocorico et on en a pour 15 minutes à chaque fois.

Après le premier coup d’oeil sur le village on se dirige vers la maison du chef du village où nous passerons la nuit. On passe à travers les cochons et les chiennes maigres avec leurs petits qui braillent pour téter un peu de lait et on arrive à notre gite. Il faut enlever nos chaussures avant d’entrer (peut-être pour ne pas les salir!). On obéit à la coutume et on continue à marcher dans la poussière pour monter l’escalier et nous rendre à l’étage de la maison.

Le maire est l’une des personnes les plus riches du village; il a un toit de tôle et une maison à 2 appartements. Nous entrons dans la partie cuisine, grande comme mon salon, un feu dans le coin, pas de cheminée, une galerie avec les chaudières d’eau que l’on est allé chercher à la fontaine du village. Nous traversons dans l’autre pièce où est notre lit: un matelas très mince sur un plancher de bois et un filet pour nous protéger des moustiques. Il y a de la place pour coucher un douzaine de personnes et les seules divisions sont les filets anti moustiques. Notre guide prépare notre lit et on voit lever le nuage de poussière lorsqu’il étend les couvertures. Étant donné la richesse du propriétaire, cette maison est faite la moitié en planches et le reste en lattes de bambous. Il n’y pas de pignon pour permettre à l’air (et à la poussière) de circuler.

Pendant que le propriétaire nous prépare le souper, nous allons faire un tour dans le village avec notre guide qui nous a offert d’aller nous laver à la fontaine. C’est une chantepleure à 1.5 mètre du sol sur une plaque de ciment. Il y a beaucoup de circulation puisque les gens ont terminé leur journée de travail et le souper approche. On y voit les femmes qui viennent chercher l’eau: deux chaudières de 3 gallons aux bouts d’un bâton que l’on porte sur l’épaule. En même temps, elles en profitent pour prendre leur douche; elles se lavent habillée de leur sarong, un morceau de tissus enroulé en dessous des épaules et descendant jusqu’aux genoux. Les hommes eux se lavent simplement avec leur bobette. Diane n’ose pas se laver parce qu’elle montrerait plus de peau que les autres femmes.

Pendant notre tournée, le chef du village a préparé le souper. Excellent. Nous mangeons sur une table basse, assis par terre. On pige tous dans les mêmes plats avec les mains ou la cuillère pour les touristes. Nous mangeons, Diane, le guide, le chef du village et moi. La femme du chef et les autres membres de la famille mangerons les restes après nous. Les touristes amènent beaucoup d’argent dans le village. Ordinairement, les gens ne mangent que ce qu’il cultive, surtout du riz, et ce qu’ils ramassent dans le bois; nous avons même vu un homme faire cuire un écureuil sur un feu près de sa maison. Ce sont les hommes qui font la cuisine et les femmes qui nourrissent les animaux et transportent l’eau.

Nous nous couchons très tôt parce que la journée de marche a été fatigante et parce que l’électricité qui ne sert que pour l’éclairage est très faible et rare. Les nuits sont froides mais nous avons de bonnes couvertures épaisses... et pleines de poussière.

Le lendemain matin, le chef prépare le dîner en même temps que le déjeuner. Nous demandons à notre guide s’il est possible de continuer notre trek dans les chemins de moto plutôt qu’à travers la jungle car on a assez de marcher dans la jungle car il faut toujours marcher le nez collé au sol pour voir où on marche. Pas de problème, le trek se continue donc à travers les rizières et les chemins de moto entre les villages.

Nous arrivons dans notre deuxième village. Plus riche celui-là. Les gens sont plus accueillants. Nous visitons. Les femmes font du vin de riz qu’elles vont vendre au marché en ville. Tout le monde s’occupe à divers travaux. La structure du village est à peu près la même que l’autre sauf qu’il y a plus de maisons avec des toits de tôle.

Le soir après souper, le guide nous offre de questionner le maire du village autour d’un feu de camp. Nous apprenons ainsi avec fierté que c’est grâce à un projet canadiens qu’ils ont la fontaine au centre du village et leurs toilettes turques près de chaque maison.

Le lendemain, notre 3ème journée est assez facile. Nous revenons à Louang Namtha dans le confort de notre beau guesthouse, très content de cette expérience. Nous aimons beaucoup le Laos.

jeudi 24 décembre 2009

Myanmar

MYANMAR
Nous y sommes entrés en fous: 9 heures d’autobus de nuit, de Chiangmai à Bangkok; on saute ensuite dans un taxi pour se rendre à l’aéroport et on part pour Yangon, la métropole du Myanmar.

Quels chocs! D’abord, la conduite automobile: Chez nous, le volant est à gauche et on conduit à droite; en Thaïlande, le volant est à droite et on conduit à gauche; au Myanmar, le volant est à gauche et on conduit à gauche. Il y a de quoi capoter.

Deuxième choc: la plupart des hommes portent une jupe longue jusqu’aux chevilles, une espèce de drap coloré, les 2 bouts cousus ensemble. Ils entrent dedans et le nouent à la taille.

Troisième choc: notre chambre. Ça pue le vieux tapis tout sale et moisi. On a réussi à changer pour une chambre sans tapis, et qui pue un peu moins. Un peu découragés, on se demande bien ce qu’on est venu faire ici. Les chocs se suivent et ne se ressemblent pas.
4ème choc: la pagode Shwedagon, la plus belle pagode au monde. On n’a jamais rien vu de si beau depuis qu’on voyage. Un émerveillement époustouflant...

5ème choc: l’autobus à air climatisé. Pour eux, quand l’AC fonctionne, il n’y a qu’un seul bouton de control: le ventilateur. Il faisait aussi froid dans l’autobus qu’en hiver chez nous. Les gens avaient des polars à capuchon et des couvertures. Les chauffeurs ne savent pas qu’il y a aussi un control pour la température. On a gelé toute la nuit, pendant 12 heures de temps pour se rendre à Mandalay.
MANDALAY
6ème choc: Mandalay. Un million d’habitants, 150 monastères, 70,000 moines. On est au Myanmar. On se croirait au Moyen-âge. On a loué un taxi pour une visite d’une journée. Il nous a amenés voir, bien sûr, des pagodes et des temples mais il nous a aussi fait visiter quelque chose qui m’a donné un violent choc culturel.

Le choc des valeurs
On arrive dans une rue en construction et on doit faire une centaine de mètres pour visiter une fabrique de feuilles d’or pour décorer les bouddhas.
La rue en construction: des hommes et des femmes transportent à la main des pierres grosses comme ma tête pour faire les fondations de la rue. Quand les pierres sont trop grosses, des hommes les cassent à coups de masse. Il faut dire ici que Mandalay est une ville très poussiéreuse, les rues sont mal faites, les trottoirs tout brisées, etc.

La fabrique de feuilles d’or: Nous entrons dans une boutique au fond de laquelle 6 hommes aplatissent à coup de masses de petits morceaux d’or pour en faille de très minces feuilles pour décorer les bouddhas. Je vous dis qu’ils frappent fort et longtemps pour faire ce travail avec une masse très lourde. Encore plus au fond de cette bâtisse, dans un petit appartement qui ressemble à un cachot, des femmes frappent à coup de bâton sur des morceaux de bambous pour faire des feuilles de papier de bambou qui serviront à séparer les feuilles d’or et les mettre en pile. Elles frappent fort et dru, il fait très chaud et humide.

Nous visitons ensuite le fameux Bouddha d’or très vénéré par les pèlerins. Il a environ 7 mètres de haut et les gens collent des feuilles d’or sur son corps pour lui rendre hommage. J’ai lu que ce Bouddha avait 20 cm d’épais de feuilles d’or sur son ventre.

Comparaison, le choc des valeurs:

Je compare les gens qui cassent à coups de masse des pierres pour faire la rue et ceux qui aplatissent à coups de masse des feuilles d’or pour vénérer un Bouddha qui en a déjà 20 cm d’épais sur son ventre. Je vois aussi des touristes donner de l’argent aux travailleurs et travailleuses, pas ceux de la rue, mais ceux qui aplatissent les feuilles d’or et qui font le papier de bambou. Je me demande lequel de ces travaux est le plus utile. Je trouve la philosophie bouddhique très belle mais lorsqu’on en fait une religion, ça devient comme Karl Marx le disait, « l’opium du peuple». Comment nous les touristes contribuons-nous à maintenir les gens dans leur misère? En donnant des pourboires à ceux qui adorent une statue? Je n’ai jamais vu un touriste donner un pourboire à ceux qui font une rue.

Les vrais monastères
Nous sommes à Mandalay, la 2ème ville du Myanmar. Un chauffeur de taxi que nous avions utilisé pour nous rendre à notre hôtel, nous a offert de visiter un monastère peu touristique en dehors de la ville. Ce chauffeur avait l’air bien correct et nous avons accepté. Je vous raconte comment fonctionne ce monastère authentique, digne des premiers temps du bouddhisme.

En plus d’une trentaine de moines seniors, il y avait une cinquantaine de jeunes moines entre 10 et 17 ans. Ils suivent le même code de discipline décrit dans les canons bouddhiques depuis plus de 2000 ans. Ils se lèvent à 4 heures du matin et récitent des prières jusqu’au moment de partir quêter leur nourriture en ville. On les voit alors défiler à la queue leu leu avec leur bol pour recueillir les dons de la population. Après déjeuner jusqu’au diner, ils étudient les vieux écrits en langue pali, une langue qui ne se parle plus aujourd’hui. Après diner, c’est la sieste, pendant quelques heures. Ensuite, encore les classes; ils apprennent par cœur les prières en pali. Après les classes, pas de souper, une simple tisane.

On arrive là vers 5 h PM et on entend une cacophonie de chants, c’est un groupe d’une vingtaine de jeunes moines qui répètent les prières chantées en pali, chacun pour soit, sans chef d’orchestre. Ils s’arrêtent tous en même temps et s’éparpillent ici et là pour exécuter certaines tâches: ramasser des feuilles, arroser les jardins...
Et nous on est là, ils nous jettent de petits coups d’œil discrets, quasiment comme si on n’existait pas. Nous sommes toujours accompagnés de notre chauffeur de taxi qui a lui-même fait son noviciat dans un monastère. Il nous explique leur façon de vivre et répond à nos questions avec une grande amabilité. Il a 42 ans, célibataire et il travaille pour nourrir sa mère et sa sœur qui travaille dans une banque et gagne 45$ US par mois alors que le loyer en coûte 50. Il dit que quand sa mère sera morte et que sa sœur se mariera, il va retourner au monastère et sera moine à nouveau.

Nous sommes près du lieu de rassemblement et on voit arriver les jeunes novices et les séniors en file et en silence. Ils entrent dans la salle, s’assoient par terre et récitent encore des prières devant la statue d’un immense Buddha. Ils sortent tous à reculons pour ne pas tourner le dos au Buddha, encore en file indienne; les jeunes vont s’asseoir par terre dans un autre endroit et ils récitent le code de discipline. La seule condition pour rester dans ce monastère, c’est de suivre le code de discipline qui est le même qui celui des moines des premiers temps du bouddhisme. Pendant ce temps, le maître vient nous voir et nous offre de répondre à nos questions. Après la récitation, les novice sortent à reculons encore et nous retournons à notre hôtel tout imprégnés de cette atmosphère spirituel et pleins de réflexions sur ce que nous venons de vivre.
PAGAN
Ce qui attire les touristes ici, c’est qu’il y a plus de 2000 temples, pagodes et monastères dans une superficie de 42 km carrés. Nous visitons ça en taxi: un petit cheval attelé sur une charrette du genre qu’on appelait banneau dans l’ancien temps chez nous.

LE LAC INLE

Ce lac est vraiment spécial: il a une vingtaine de km de long, il n’a que 1 ou 2 mètres de profond et la moitié de sa superficie est en marais ou en jardins flottants. Il y a plusieurs villages autour, construits sur pilotis. Bien sûr, il n’y a pas d’autos, la circulation se fait en pirogue ou en long bateau d’un mètre de large.

Nous avons visité différents ateliers d’artisanat: orfèvrerie, fabrique de papier à parasol, fabrique de cigarettes, et tout ça fait à la main.

Nous avons failli aussi visiter un village de femmes à long cou. À la fabrique de papier, il y en avait trois et Diane a eu le choc en les voyant. Elles faisaient pitié, ce n’était pas beau de voir maintenir une tradition d’automutilation, Nous avons donc refusé de visiter leur village car certains guides de voyage disent que le tourisme contribue à maintenir la tradition. Les touristes vont les visiter comme on visite un zoo, ils les photographient et ce sont surtout les agences de voyage qui ramassent le cash. Donc, pour nous ce fut un non catégorique.

Autre chose étonnante, le guide du Routard suggère de donner de l’argent aux femmes qui fabriquent les cigarettes parce qu’elles travaillent fort. Je suis en désaccord parce que les cigarettes détruisent la santé et jamais je ne ferai de dons à ceux ou celles qui les fabriquent.

Finalement, nous avons passé 11 jours au lac Inle, c’est un record pour nous. Depuis que nous voyageons, nous ne sommes jamais restés plus de 5 jours au même endroit. Pourquoi 11 jours ici? Parce que nous avions acheté un billet aller retour pour 4 semaines au Myanmar et nous avons fui les autres villes à cause de la poussière surtout; donc ici on écoule du temps et c‘est le plus bel endroit du Myanmar.

C’est bien agréable. On fait des randonnées sur le lac, des trekkings dans les villages alentour et on visite souvent un monastère dans lequel on a établi contact avec le moine professeur qui prend plaisir à apprendre l’anglais en parlant avec nous.

En restant plus longtemps, les gens apprennent à nous connaître. Le propriétaire de l’hôtel nous a invités à souper.
 
CONCLUSION SUR LE MYANMAR
Le Myanmar, une dictature militaire et un des pays les plus corrompus au monde. Pourtant, des gens très très gentils, qui nous saluent avec de beaux sourires. C’est aussi, je crois le pays où le bouddhisme est le plus fort au monde. On voit des monastères partout, des temples, des pagodes, des petits sanctuaires dans chaque hôtel, etc.

Face à la dictature, on a l’impression d’une espèce de résignation impuissante. Il y aurait des espions partout et on a été avertis de ne pas parler de politique en public car c’est dangereux pour la personne à qui on parle car elle risque de se faire arrêter et condamner aux travaux forcés.

Par exemple, j’ai rencontré dans un village un homme qui m’a raconté un peu sa vie. Il avait un oeil crevé. Il m’a dit qu’il avait fait des études d’avocat et d’économiste. Il parlait pour la libération de son pays et il a été arrêté. Il a fait de la prison et les travaux forcés. Maintenant, il est libéré mais il n’a plus le droit de pratiquer sa profession et il vend des livres sur un coin de rue.

Aung Saan Suu Kyi a été élue avec plus de 90% des votes il y a vingt ans. L’armée l’a arrêtée et elle emprisonnée dans sa résidence sur le bord du lac à Yangon. Un journaliste américain est allé la voir à la nage; il a été arrêté et condamné à sept ans de prison. Les moines ont fait de grosses manifestations dans les rues il y a 2 ans. Les soldats sont entrés dans les monastères des meneurs, ils ont battu et arrêté plusieurs moines. Quel est le pouvoir du peuple devant une armée de soldats armés jusqu’aux dents? Quel est notre pouvoir comme touristes? Une sensibilisation internationale? L’ONU veut voter des résolutions mais la Chine, une autre dictature militaire, a un droit de veto et elle s’oppose. Donc, le pouvoir du peuple semble se résumer à une résignation. Les gens s’organisent dans leur pauvreté, il courbe l’échine comme ils le font devant les statues de Buddha... Et il garde le sourire.
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On en voit des choses en voyage. « On ne vient pas ici pour leur dire quoi faire », pour citer Roger Fortin. Mais on peut affirmer discrètement nos valeurs et ils sont libres de remettre en question les leurs comme nous remettons en question les nôtres en prenant contact avec ces mœurs et coutumes différentes des nôtres. Le choc des valeurs est très intéressant. C’est pour cela que nous sommes venus ici et on continue notre voyage avec grand intérêts. C’est passionnant.
 

samedi 21 novembre 2009

Chiang Mai et les environs, l'aventure continue

Nous sommes dans la ville de ChianMai depuis une semaine. C’est cool. Nous avons acheté un trip de trois jours dans la jungle avec les services d’un guide. Ce fut le dépaysement presque total.

La première journée nous étions jumelés avec trois filles des Pays-Bas (la mère, sa fille, une amie de sa fille), et un couple d'Allemands. Le guide nous a d'abord amenés visiter un temple. Pour s’y rendre nous devions monter plusieurs marches et je me suis aperçue que la pauvre mère, agée de 59 ans, avait beaucoup de difficultés à monter et à respirer.

Apràs cette visite, nous avons ensuite marché quelques heures pour nous rendre à l’endroit où nous devions passer la nuit. Elle a eu tellement de difficultés à suivre que le guide a dû appeler quelqu’un pour venir la chercher en moto.

Arrivés à destination, il y avait un autre groupe d'une douzaine de touristes déjà là. Nous nous sommes installés dans une cabane où toute la gang devait dormir ensemble dans une hutte dortoir sur des lattes de bambou. Dure dure. Seul un filet nous séparait les uns des autres. Et que dire de la toilette!!! Un trou dans le plancher d'une cabane de paille. Wow! Après souper ça s’est mis à prendre un coup. Le guide avait apporté du wisky qu’il avait fait lui-même. Il avait une guitare et chantait très fort et très faux. On se demandait ce qu’on faisait dans cette jungle, predus au bout du monde.

La deuxième journée, on a demandé à avoir un guide privé parce que les jeunes se levaient à 10 heures et nous on voulait vraiment faire une bonne marche. On a marché 15 kms seuls avec un autre guide, ça a été bien plaisant.

La troisième journée, on a fait une balade à dos d’éléphant. Ca brasse en "ta", vraiment pas très agréable. Ensuite, nous avons descendu une rivière sur un radeau de bambou. On a beaucoup aimé. Et le retour à Chiangmai, on s'y sent comme chez nous.

Nous partons pour le Myanmar mardi le 24 novembre. On vous donne d'autres nouvelles aussitôt que possible.

Diane et Adrien